Clara et Robert Schumann Cédric Pescia Piano Nurit Stark Violon et Alto
Clara et Robert Schumann
Robert Schumann
( 1810-1856)
Sonate n°2 pour violon et piano en ré mineur op.121
Märchenbilder pour alto et piano op.113 Clara Schumann (1819-1896)
Trois romances pour violon et piano op.22
Cédric Pescia, piano
Nurit Stark, violon et alto
Pour suivre le pianiste Cédric Pescia depuis plus de huit ans, on le sait : Schumann tient une place très importante dans son répertoire : " Schumann est le compositeur romantique qui me tient le plus à coeur" déclarait-il lors du premier entretien sur son parcours ( à (re)lire ici) , et une collaboration de longue date le lie à la violoniste, et altiste, Nurit Stark, ainsi lors d'un autre entretien au sujet d'un précédent disque avec elle ( à voir ici) il déclarait :"Nurit Stark et moi jouons ensemble depuis 2001. Nurit Stark
possède une curiosité illimitée, elle a la
capacité de se remettre sans arrêt en question et
elle est prodigieusement inspirée (et inspirante) sur scène.
Nous avons déjà exploré une grande partie
du répertoire violon/piano, n'hésitant pas à
jouer des uvres peu connues ou des pièces contemporaines. "... aussi ce disque qui réunit des oeuvres de Clara et Robert Schumann pour piano et violoncelle ne surprend pas tout à fait, et une photographie de leur couple, puisqu'ils sont également mariés, aurait tout aussi bien pu illustrer la pochette de ce disque, que celle issue du film , de 1947, " Song of love" ( le titre français en a été "Passion immortelle", et il y est aussi bien sûr question de Brahms...) avec Katharina Hepburn et Paul Heinred.
D'ailleurs leur propre photographie, à l'intérieur, sur le livret ( à voir ci-contre) le confirme ! Et donc si vous voyez ce disque, ne vous méprenez pas par son image... il ne s'agit ni d'un disque d'oeuvres pour piano seul, et il ne s'agit nullement de la musique de ce film, mais certes bien d'oeuvres de l'un et l'autre Schumann.
Et comme vous le savez Clara, comme Robert, était pianiste. Aussi ces oeuvres furent bien écrites par l'un ou l'autre, mais dans l'intention que Clara en joue la partie piano.
"Et il fallu en fait nombreuses années avant que Robert Schumann ne se décide à composer pour le violon. Il faut attendre 1851 pour que Schumann compose
des oeuvres explicitement destinées au violon, et
la présence dans son entourage de ces merveilleux
musiciens n’est pas totalement étrangère à cet
intérêt nouveau pour le compositeur" explique l'auteur du livret.
Ainsi la sonate pour piano et violon op.121 de Robert Schumann fut jouée pour la première fois le 15 novembre 1851 par Clara et Wilhelm Joseph Wasiewski
en 1851 pour un cercle familial restreint. Et en fait elle est dédiée à un autre illustre violoniste : Ferdinand David et fut joué pour la première fois en public par Clara Schumann et Joseph Joachim au violon.
Par contre c'est toujours avec le violoniste Wilhelm Joseph Wasiewski
que Clara déchiffra pour la première fois les 4 pièces de l'opus 113 de Robert, pour piano et alto, elle en suggéra des retouches à Robert, elle les joua ensuite en public toujours avec ce violoniste/altiste, auquel cette fois l'opus fut dédié.
Quant aux trois romances op.22 pour piano et violon, composées en 1853 par Clara Schumann, elles sont dédiées à "l'illustre musicien et ami Joseph Joachim" qui la jouera souvent avec elle., et l'auteur du livret, Nancy Rieben, indique encore que "Il est difficile de mentionner le nom de Joachim sans penser également à Brahms (qui lui dédiera notamment un concerto pour violon), Joachim, Brahms et le couple Schumann créent à eux seuls une "famille" impliquée dans la création d'un nombre importants de chefs d'oeuvre" mais elle ne nous en dit guère plus sur cet opus, si ce n'est qu'il est inspiré de littérature allemande, et il faut dire qu'aucun des deux dictionnaires de musique de chambre en ma possession ne les mentionnent... c'est sans doute dire le peu d'intérêt porté par les musicologues à ces trois romances pour violon et piano, comme d'ailleurs parfois à l'ensemble de l'oeuvre de Clara, Ces trois romances ont pourtant toutes de très jolies mélodies. Par contre l'auteur du livret nous en dit beaucoup plus sur Clara :"Seule femme dans cette «famille» composée
exclusivement de figures masculines, Clara y
possède néanmoins une place de choix. Pianiste
légendaire, compositrice de talent, professeure
réputée, épouse et mère de huit enfants, elle
est bien souvent celle qui rend la création
possible, n’hésitant par exemple pas à sacrifier
ses heures de travail au piano pour que son
mari puisse composer. Elle est aussi celle qui
fait entendre l’oeuvre de son mari en jouant à
travers l’Europe les pièces qu’il n’est plus capable
d’interpréter lui-même après avoir abîmé sa main
ou après sa mort. Elle indique aussi que " Goethe déclarera après
l’avoir entendue jouer alors qu’elle n’est encore
qu’une enfant : «cette fille a dans les bras la force
de six garçons réunis» ! Cette masculinisation
de son talent et de sa force sera le lieu commun
de tous les compliments qu’elle recevra, jusqu’à ceux prononcés par son ami Joachim : «Que
vous soyez une femme me semble n’avoir rienà faire là-dedans [...] De toute façon, en ce qui
concerne l’art, vous êtes suffisamment homme.» ... Certes, mais il en demeure pas moins qu'aujourd'hui encore son oeuvre soit moins souvent présentée... et l'auteur du livret indique que , comme pour confirmer encore que la création
est bien l’apanage des hommes, elle cessera
complètement de composer après la mort de
son mari. Il faut bien avouer qu'aujourd'hui encore les compositrices réputées sont plus rares que les compositeurs...
Et par contre l'auteur est plus explicite sur la sonate op.121 de Robert et indique notamment l'influence
de deux autres compositeurs dans cet oeuvre :"celle de Bach par le truchement d'un choral luthérien [] cité dans le mouvement lent, et celle de Beethoven dans l'introduction lente qui rappelle la sonate à Kreuzer". Une oeuvre certes plus remarquable, ne serait-ce déjà que par sa longueur, puisqu'elle est en quatre mouvement et dure plus de trente minutes, mais aussi d'une énergie parfois redoutable, ainsi dans le dernier mouvement, absolument splendide !
Les "Mârchenbilder" ( à l'origine "histoires de contes de fées" devenues "images de contes') , et auxquels ont doit quelques retouches suggérées par Clara, comme leur titre l'indique se réfèrent elles à la littérature, sans cependant faire de référence particulière, mais il s'agit d'histoires traditionnelles recueillies par les frères Grimm ou de contes inventées par des auteurs comme Goethe,Tieck, Novalis ou Brentana que le compositeur appréciaient particulièrement. Et sans doute ne s'agit-il pas que de fées qui y apparaissent car les caractères des quatre pièces sont très différents, et l'on peut y imaginer bien d'autres personnages, en laissant voguer son imagination... ainsi pourrez-vous vous en rendre compte à la fois par l'extrait en écoute ci-dessous. Ce qui vous permettra aussi d'apprécier le jeu complice du couple qui offre, une fois encore, un très bel enregistrement, dans une interprétation qui montre que ces oeuvres, contrairement peut-être au film, n'accusent aucunement le poids du temps, leur vivacité de jeu, et la qualité sonore de l'enregistrement, en font des oeuvres toujours très actuelles !
Cédric Pescia donnera prochainement des concerts en France, il ne jouera pas les oeuvres de ce disque, mais certaines de précédents, ne le manquez pas si vous êtes à proximité : 14 Juin 2015 au
Lille Piano Festival Solo et piano 4 mains avec Philippe Cassard , où ils donneront dans la même journée trois concerts " Schubertiade "
11:00 > 12:00
SCHUBERT 3 KLAVIERSTÜCKE D456 / SONATE D958
LEBENSTÜRME D947 POUR PIANO À 4 MAINSN° 19 14:00 > 15:00
SCHUBERT SONATE D959
RONDO D951 POUR PIANO À 4 MAINS
N° 20 18:00 > 19:00
SCHUBERT SONATE D960
FANTAISIE D940 POUR PIANO À 4 MAINS 16 Juin 2015 Paris
Salle Gaveau Avec Philippe Cassard, piano et Anne Gastinel, violoncelle -Schubert 11 Juillet 2015 Festival de Radio France et Montpellier -Bach: Le Clavier bien tempéré, 1er cahier
Pour écouter
Robert Schumann
Extrait de Märchenbilder op.113 - III : Rasch
Nurit Stark, Cédric Pescia
avec l'aimable autorisation
du label claves
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